Là-bas si j'y suis.
Daniel Mermet : un homme dangereux
Ceux qui connaissent ce blog, savent que je prends rarement la plume pour pousser un coup de gueule. Je ne puis juste m'en empêcher lorsque j'apprends que l'émission de Daniel Mermet, "Là-bas si j'y suis", sur France Inter risque d'être déprogrammée de son horaire habituel, la tranche 17-18h à celle de 15-16h. Ceci amputera son audience de la moitié.
Quelle faute a commis Daniel Mermet pour être ainsi relègué à cette heure de moins grande écoute? Il a bien fait son travail de journaliste et accru son audience provoquant, fait unique dans les annales de la radio nationale, la multiplication de clubs de réflexion sur l'ensemble du territoire connus sous l'appellation des "repères de Là-bas si j'y suis".
Qu'est-ce que cette émission? Pour ceux qui ne la connaissent pas, c'est une émission de grands reportages, une des seules qui nous reste à France Inter. Une émission qui tente de faire de la radio en images, de nous faire voir des sons. Une émission qui a des idées mais pas de jugement, pétillante de malice, d'une jubilation visible de nous faire entendre la pulsation du monde. Son équipe s'attache à nous faire découvrir une réalité et réfléchir par nous même. C'est là-bas, à France Inter, devenu un problème.
Un vieux slogan de cette radio était "Pour ceux qui ont quelque chose entre les oreilles" un autre, "écoutez la différence". Le crédo de la nouvelle direction (PDG, M. Cluzet, Directeur, M. Schlesinger) semble être "distillez l'indifférence" ou "pour ceux qui ont Sarkozy entre les oreilles".
Daniel Mermet n'est hélas pas la seule victime de cette véritable purge de la radio publique. Dans la charrette il est accompagné de Frédéric Bonnaud, "Charivari", de Alain Rey, 8h55 le "7-9", l'un des meilleurs linguistes de France. Ceci après les départ forcés de Pierre Bouteiller et de Jean-Luc Hees celà fait beaucoup. Curieux hazard, ces gens sont tous catalogués à gauche.
Le choix ne saurait être celui de l'audience, Là-bas si j'y suis est en augmentation constante, c'est un choix politique à moins d'un an d'une élection présidentielle. C'est une appropriation de la chaine publique financée avec l'argent de tous pour l'instrumentaliser en un outil de campagne au bénéfice du pouvoir en place, et un outil, ça ne pense pas, ça s'éxécute. Un auditeur doit-il faire de même? Oui, à en croire la thèse de MM. Cluzel et Schlesinger, les guignols nervis nommés par Jacques Chirac sous le gouvernement Raffarin qui se réclament tous deux de droite et bons catholiques.
Une pétition circule sur internet. Elle a, à ce jour, recueilli plus de 95 000 signatures de personnes attachées à la liberté de la presse, au service public, à France Inter et à son pluralisme. http://petition.la-bas.org/. Votre signature ne sera pas de trop dans ce concert unanime d'indignation. Pour l'heure, la direction de France Inter semble sourde, mais elle n'est pas aveugle. Elle regarde cet énorme soutien croître simultanément avec son inquiétude. Il est encore possible qu'elle infléchisse sa position avant de voir une manifestation monstre devant ou dans ses locaux par exemple.
D'avance merci,
Sophie.