Espérances....
Gilles Navet.
La peau des mots, ce jour,
Est froide comme la pierre,
Et grise comme l'âme des gisants.
Des larmes tombent dans mes veines,
Et se gèlent en t'attendant.
Une stèle pour les amours mortes,
Une pierre pour les espoirs déçus,
Une tombe pour les amers perdus,
Un kern qu'emportera, dans ses bras de peut-être,
La lente marée des jours.
Regarde, mon espérance, notre banc qui déjà,
Se recouvre de lierre comme un linceul vert;
Sur le roc, le lichen pleure nos désamours;
L'océan, sans pardon, fredonne une rengaine :
C'est ton nom dans son vent, ton souffle dans ses embruns.
Une mouette se rit de moi et je baisse la tête,
Et je courbe l'échine. Au sentier des douaniers,
Le galet de mon coeur accroché à mon cou,
Je chemine à genoux avec ma peine,
Et j'aime, seule, mais nous aime pour deux.
Sophie.